Pressions sur les hommes politiques, les journalistes, les artistes, les universitaires, rackets, chasse aux sorcières : quand le lobby sioniste use et abuse de l’accusation d’antisémitisme...
Oui, il est inacceptable que l’on menace de mort le journaliste et professeur de philosophie Robert Redeker pour la tribune qu’il a publiée dans “Le Figaro"et où il dénonçait la religion musulmane et traitait son prophète de : “Chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame…".
Oui, il est inacceptable que l’on ait assassiné le cinéaste hollandais Theo Van Gogh en 2004 dans une rue d’Amsterdam.
Oui, il est inacceptable que l’on ait retiré de l’affiche l’opéra de Mozart “Idoménée” dans une mise en scène de Hans Neuenfels sous prétexte qu’on voyait sur le plateau , dans un sac sanglant, les têtes coupées de Dionysos, Jésus, Bouddha et Mahomet.
Inacceptable parce qu’il s’agit de la liberté d’expression que seule la loi peut sanctionner. Et, ce n’est pas parce que je suis musulman que je dois éliminer tous ceux qui, selon mes convictions, portent atteinte ou dénaturent ma religion et son prophète.
Et, c’est parce que je suis musulman que je me dois de dialoguer, de réfuter, de convaincre ceux qui critiquent, qui insultent ma religion pour la simple raison que si je les menace, si j’ai recours à la violence, si je leur refuse le droit de s’exprimer, je ne ferai qu’apporter de l’eau à leur moulin, leur donner raison, rendre leurs thèses plus crédibles.
De surcroît, il faut être totalement stupide pour croire que les critiques, les insultes, l’ignorance, les amalgames seront de nature à pousser le milliard de musulmans à déserter leur religion.
De par le passé, très nombreux furent les textes, les pièces de théâtre, les opéras qui ont critiqué, égratigné, voire insultés l’islam.
Celui-ci en a-t-il pâti pour autant ?
Il en fut de même pour les religions chrétienne, juive, pour le bouddhisme, etc….
C’est dire combien nous partageons l’indignation de ceux qui, de par le monde et principalement en Occident, ont condamné les menaces et les actes de ceux qui, au nom d’une certaine lecture de l’islam veulent porter atteinte à la liberté d’expression.
DEUX POIDS, DEUX MESURES
Mais, on voudrait que cette indignation, encore une fois combien légitime, ne soit pas discriminatoire et se manifeste avec la même vigueur, la même intransigeance chaque fois que cette liberté d’expression et d’opinion est remise en question de par le monde.
Dans son édition du samedi 7 octobre 2006, le quotidien français Libération, dans un article de Pascal Riche, rapportait les pressions exercées par le lobby pro-israélien sur les intellectuels américains.
Ainsi cite t-il le cas de l’historien Tony Judt, éminent professeur à l’université de New York qui a vu annuler une conférence qu’il devait donner au consulat de Pologne.
Motif : le consul, après avoir parlé au président de l’Anti Defamation League(ADL), association de lutte contre l’antisémitisme, a eu peur que cette association ne mène une campagne contre son pays.
Commentaire de l’intéressé au correspondant de Libération : “Il y a des similarités avec les récents problèmes que vous avez eus en Europe. Nous avons ici des imams juifs mais non religieux”.
Son “crime” : il critique très vivement l’occupation des territoires palestiniens et s’interroge sur le comportement de son pays face au terrorisme qui ne se pose pas la question “pourquoi” et en reste à “comment” et “qui”.
A préciser que Tony Judt est… juif et a été militant sioniste dans sa jeunesse.
A préciser aussi que c’est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, ami de nombreux intellectuels français. Ceux-ci se sont-ils solidarisés avec lui, ont-ils dénoncé les agissements de l’ADL, se sont-ils joints à la pétition de soutien qui circule à son sujet ?
Est-il acceptable de se taire devant ce terrorisme intellectuel exercé par le lobby sioniste ?
Et Tony Judt ne fut pas le seul à être dans le collimateur des lobbies pro-israéliens, loin s’en faut !
Ce fut le cas pour les professeurs Juan Cole, Josèphe Massad, l’architecte Richard Roger, deux auteurs, John Mearsheimer de l’université de Chicago et Steven Walt, doyen de la prestigieuse Havard Kennedy School of Government, ainsi que de la pièce de théâtre consacrée à la militante américaine pro-palestinienne, Rachel Corrie qui été déprogrammée d’un théâtre new-yorkais. Rachel Corrie, avait été écrasée par un bulldozer israélien.
Avant de traiter de chacun de ces cas, il y a lieu de rappeler que, par le passé, d’autres artistes et écrivains avaient subi le même sort. :
Ainsi en 1971, le célèbre violoniste juif Yéhudi Ménuhin avait, lui aussi, fait l’expérience des méthodes en usage chez les inconditionnels du sionisme. Opposé à la politique coloniale israélienne, Ménuhin avait donné un concert au profit d’orphelins palestiniens. Il fut aussitôt placé sur une liste noire. Du jour au lendemain, plus aucun grand orchestre américain (ils sont tous plus ou moins sponsorisés par des “mécènes” juifs) n’accepta sa présence. Il est vrai que le lobby avait de bonnes raisons de voir en Ménuhin un adversaire de taille. Déjà son père, le philosophe et mathématicien Moshé Ménuhin, avait donné du fil à retordre à tous les oppresseurs et massacreurs sionistes.
Il en va d’ailleurs de même de Gérard Ménuhin, le fils de Yéhudi, qui déclarait en 2005 : “Il existe un lobby international composé de personnes et d’organisations influentes, qui exerce un chantage sans fin sur les Allemands... Qu’un peuple se laisse encore intimider ainsi soixante ans après la fin de la guerre, a quelque chose de malsain”. Pour “punir” cette audace, le lobby fait chasser Gérard Ménuhin du poste qu’il occupait à la tête de la fondation créée par son père. Avec la complicité des tribunaux, les imposteurs qui prétendent parler “au nom des juifs” peuvent maintenant tout se permettre.(1)
En avril 2002, le rabbin Michael Lerner de Washington DC , déclarait, écuré : “Les organisations juives exigent la loyauté vis-à-vis d’Israël et dissuadent les juifs d’exprimer leur dégoût à propos des agissements israéliens. Je voudrais que les gens sortent au grand jour et disent ouvertement ce qu’ils pensent. Ce qui les en empêche c’est l’écrasant pouvoir de l’AIPAC (Comité des Affaires publiques américano-israéliennes) et les forces inhérentes au conservatisme juif qui étranglent tout dialogue et rendent impossible aux voix juives de se faire entendre pour réclamer la justice”.
ARTISTES DANS LE COLLIMATEUR
L’humoriste français Dieudonné est depuis longtemps dans le collimateur du lobby pro-israélien. Début 2004, les sionistes le traînent en justice pour “propos antisémites” (il s’en était pris aux colons juifs racistes des territoires occupés) et font annuler plusieurs de ses spectacles dont celui prévu à l’Olympia. Plus tard, en mars 2005, Dieudonné est agressé en Martinique par trois voyous israéliens. Il continue, à ce jour, à être boycotté par la presque totalité des medias français.
En avril 2003, le documentaire Jénine, de Mohammed Bakri, qui devait passer sur la chaîne Arte, avait été rayé du programme suite aux pressions exercées par les sionistes français et israéliens. La télévision française fait elle aussi partie des territoires occupés. Au printemps 2004, le film «La Passion du Christ» de Mel Gibson sort sur les écrans américains malgré une intense campagne de dénigrement. En France, le film a toutes les peines du monde à trouver un distributeur. Les inconditionnels de Sharon, qui font la pluie et le beau temps dans l’Hexagone, avaient décrété (sans l’avoir vu) que ce film était “antisémite”.
POLITIQUES SOUS INFLUENCES
Les politiques américains n’échappent pas non plus aux magouilles et aux pressions de ces lobbies.
Ainsi : «La “bienveillance” des élus américains est acquise grâce à la corruption ou au chantage. Les récalcitrants savent ce qu’il en coûte de s’opposer à l’hydre. Cynthia McKinney, députée démocrate de Géorgie, qui avait osé dénoncer l’agression militaire américaine en Afghanistan et l’agression israélienne en Palestine, a été victime d’une cabale orchestrée par le lobby sioniste. De peur d’être soi-même accusé de conduite antipatriotique, son parti l’a écartée de la candidature aux élections partielles de novembre 2002. Cynthia a pu se faire réélire en 2004 mais en 2006 le lobby tente à nouveau de l’écarter en la faisant battre aux primaires (grâce à la fraude électronique)». (1)
Le journaliste juif américain Jeff Blankfort affirme, quant à lui, que le lobby israélien achète les députés noirs, déclenche des campagnes racistes contre ceux qui refusent de lui obéir et est si influent et si puissant qu’il peut même se permettre de pousser les Etats-Unis à faire la guerre pour Israël.
QUI SONT-ILS
Les organisations sionistes des Etats-Unis sont nombreuses et fortement stucturées, à Washington notamment où elles exercent en permanence leur pression sur les élus fédéraux. Le tout-puissant AIPAC coordonne leurs activités et contrôle les décisions de toute la caste politique. Comme le dit le journaliste israélien Uri Avnery, “si l’AIPAC présentait une résolution abolissant les Dix Commandements, 80 sénateurs [sur 100] et 300 députés [sur 435] la signeraient immédiatement”. Le Congrès des Etats-Unis fait, lui aussi, partie des territoires occupés par Israël.
Parmi ces lobbies, il en est un qui est très actif, l’ADL (Anti Defamation League), dirigé par Abe Foxman qui a pour passion de compiler des fichiers de documents compromettants, enregistre, par micros cachés, des conversations téléphoniques et viole la vie privée de nombreux américains. (Lire l’article d’Israël Shamir : la troisième colombe).
C’est lui qui aurait exercé des pressions sur le consul polonais pour annuler la conférence que devait donner l’historien Tony Judt. C’était son organisation qui avait reproché durement au Président Bush d’avoir demandé à Israël …un peu de retenue lors de sa dernière agression contre le Liban. Il a été accusé d’avoir touché un chèque de 100.000 $ de la Fondation Marc Rich. Un homme qui a bâti une grand partie de sa fortune en contournant l’embargo sur l’Irak établi à la suite de la prise d’otages de l’ambassade des États-Unis en Iran. Il fut pour cela poursuivi et condamné aux États-Unis pour violation d’embargo. Le 19 septembre 1983, un grand jury fédéral américain l’accuse de plus de 50 chefs d’inculpation (fraude, commerce avec l’ennemi, etc.) Cette condamnation aurait pu lui valoir jusqu’à 325 années de prison. Mais elle est prononcée par contumace, Marc Rich s’étant enfui en Suisse. Le rabbin du Mouvement Toward Tradition le qualifie de “revendeur de l’antisémitisme».
RACKETTER LE PEUPLE AMERICAIN
Sur le plan financier, la soumission des Etats-Unis aux volontés du lobby sioniste a coûté au contribuable américain 1,6 billions de dollars (1.600.000.000.000) depuis 1973, en tenant compte de toutes les implications, visibles ou cachées (lire un article paru à ce sujet dans The Christian Science Monitor). Cette somme astronomique (le double de ce qu’a coûté la guerre du Viêt-Nam) représente, statistiquement parlant, une ponction de plus de 5700 dollars par Américain et une subvention de 320.000 dollars par Israélien (ce qui ne signifie pas que chaque habitant de l’Etat juif en ait profité, loin de là). Elle correspond à une moyenne annuelle d’environ 50 milliards de dollars, soit la moitié du produit national brut d’Israël. Il est parfaitement évident que sans ce financement qui dépasse de beaucoup l’aide officiellement avouée, l’Etat sioniste ne pourrait guère tenir plus de quelques mois et serait contraint d’abandonner ses plans d’expansion, d’évacuer les territoires occupés et de faire la paix avec ses voisins pour ne pas mettre en danger son existence.(1)
LA CHASSE AUX “SORCIERES”
La chasse à tous ceux qui essayent de critiquer Israël n’est pas nouvelle dans plus d’une université américaine. Il en a été ainsi d’un site Internet (www. Campus-watch.org) animé par Daniel Pipes pour dénoncer “la haine d’Israël"qui sévirait dans les universités américaines. Ce site, rapportait “Le Monde” dans son édition du 9 octobre 2002, avait épinglé 8 professeurs (et 14 universités) coupables de complaisances pro-palestiniennes. Il recensait leurs écrits ou interventions publiques. L’un a signé en 2000 une lettre de soutien à l’universitaire américain d’origine palestinienne, Edward Saïd. Un autre avait participé à un débat sur les détentions sans jugement d’immigrants musulmans après le 11 septembre. Le site appelait les étudiants à signaler les cours, les conférences et manifestations où s’exercerait ce que la presse appelle “l’antisémitisme de campus”.
Pour information, Daniel Pipes a été nommé en 20003 , par le Pt Bush, à la tête du United States Institute of Peace, un organisme créé par le Congrès américain pour promouvoir... la paix ! Quant à l’Université du Texas, elle disposait, elle aussi, de sa liste noire de professeurs “politiquement incorrects” à surveiller.
LEURS «CRIMES»
Au début de cet article, nous avons cité un certains nombre d’intellectuels et d’artistes qui sont aujourd’hui mis à l’index aux USA soit pour leurs écrits, soit pour leurs positions, soit tout simplement pour leur liberté d’esprit .
Juan Cole : une autorité quant à l’islam chiite et l’histoire orientale.
Son crime : il critique de temps à autre Israël pour son dur traitement des Palestiniens et les USA sur sa guerre en Irak.
A cause de cela, il fut l’objet d’une large campagne de dénigrement menée par des journaux pro-sionistes. Ce qui a poussé plusieurs donateurs de l’université où il enseignait d’exiger son exclusion.
Joseph Massad il a fait l’objet d’une enquête pour antisémitisme dont il a é été blanchi.
Richard Roger : a été menacé de perdre des chantiers s’il ne coupait pas ses liens avec un groupe appelant au boycott d’Israël.
John Mearsheimer et Stephen Walt : deux éminents professeurs de sciences politiques n’ont pas réussi à trouver d’éditeur américain pour leur étude consacrée au lobby juif et à son impact sur la politique étrangère américaine.
Rachel Corrie : une pièce consacrée à cette militante pro-palestinienne écrasée par un bulldozer israélien a été déprogrammée sous la pression de lobbies pro-israélien. Une fois encore, ce terrorisme est presque souvent passé sous silence en Occident et principalement en Europe parce qu’il met en cause Israël.
Khalid Jamaï
*Lénine en 1920
1-Palestine-Israel : L’interminable conflit (III)